De la fumée sans feu?

cab-noirSalut à toi lecteur amateur de complots. Aujourd’hui, je vais te parler de Le Cabinet Noir, un livre politique de l’excellent Guy Birenbaum.

Il est vrai que je sors un peu de la thématique « loisir » que nous exploitons habituellement sur ce blog. Mais en le créant à l’origine, je voulais me laisser la possibilité de traiter des sujets un peu plus sérieux, comme celui de cette semaine. Si j’ai choisi ce livre et cet auteur, ce n’est pas innocent. Par cet article, je veux à la fois rendre hommage à l’excellent niveau du journalisme français en général, mais également insister sur un des points qui me tient le plus à cœur: l’esprit critique.

Guy Birenbaum est donc, entre autre, journaliste politique. Même si je le situe plutôt « à gauche », il a publié en tant qu’éditeur pour des hommes politiques de tous bords. J’ai découvert ce livre lors des interventions de son auteur sur Europe 1 dans Le Grand Direct de Jean-Marc Morandini, très bonne émission également. Comme le personnage me paraissait plein de bon sens et très professionnel, je suis allé avec curiosité acheter ce livre d’investigation.

C’est le premier livre de ce genre que je lis, donc difficile de comparer. Le livre fait 230 pages, écrites gros, pour une vingtaine d’euros. Bon, ça fait assez cher, mais la curiosité vaut au moins que j’y mette ce prix. Et toute chose qui me fait avancer dans ma compréhension du monde vaut toujours largement ce prix.

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Il m’a fallu quelques jours pour le lire, et c’est médusé que je suis ressorti de ce document. En gros, il retrace ses 10 années dans le journalisme et l’édition, et comment sa route a croisé à de multiples reprises celle d’informateurs et d’informations venant d’Yves Bertrand. Il développe sa thèse sur la gestion de l’information, de la rumeur et de l’intox à l’échelle d’un pays, le tout illustré par des exemples précis, des documents copiés et des personnes nommées clairement, une bonne partie étant des personnes « publiques ».

Ce qui m’a fasciné dans ce livre, c’est la remise en cause de l’auteur. Ce dernier ne cherche pas à vendre à tous prix sa version de la situation, il expose des faits et nous propose ses interprétations. Plusieurs fois, il mentionne ses erreurs, et leurs implications. D’ailleurs, c’est à travers ces exemples là qu’on se rend compte du fonctionnement du système. Il n’écarte jamais la possibilité d’être le pion de quelqu’un, même si il fait toujours tout son possible pour être honnête intellectuellement. Il mentionne d’ailleurs ses rencontres, et même ses affinités avec certains politiques.

Au final, c’est une superbe incursion dans le monde du journalisme politique, édifiante pour un candide comme moi, et qui offre une vue sans les filtres habituels. Je retiendrai spécialement la conclusion: « si cette histoire peut avoir un sens, c’est à chaque lecteur d’en tirer les leçons ». Car elle est là la vraie conclusion: ayez l’esprit critique! Sans tomber dans la paranoïa, cherchez à qui profitent les événements qui arrivent, les informations qui filtrent, les doutes qui apparaissent.

5 Réponses to “De la fumée sans feu?”

  1. Silvernights Says:

    D’ailleurs je me permets de rajouter cette vidéo où Guy Birenbaum est interviewé par Karl Zero sur BFM TV.

    A noter qu’ils racontent une grosse partie du livre dans cette interview. ^^

  2. alors je me disais « enfin un article sur lequel on va pouvoir discuter »… mais en fait non.
    Personnellement j’aurais bien aimé que ton article soit une critique (au sens premier du terme) et non un simple exposé. Rentre un peu dans le sujet bordel de bite!! Là c’est plat et (outre le fait que ça n’entraîne pas de commentaires intelligents des lecteurs) ça ne donne surtout pas envie de s’intéresser au bouquin!!
    De l’engagement! de l’amour! de la haine! qu’est-ce qui t’a plu dans ce bouquin? à quoi tu t’attendais? qu’est-ce qui t’a étonné? qu’est-ce que ça a changé pour toi? ta grand mère a-t-elle acheté un grille pain jaune??? Autant de questions qui restent en suspens et qui m’intéresse moi lecteur…

  3. Silvernights Says:

    Effectivement c’est + une présentation du bouquin qu’une critique, faute de place surtout. Et en l’occurrence preuve est que ça soulève des questions…

    Pour y répondre: j’ai adoré que les protagonistes soient pour la plupart nommés, et que ça balance franchement (Villepin, chirac, Bertrand). J’ai beaucoup aimé le travail global, ca fait un espèce de journal intime cohérent et riche. Ainsi que le travail de mise en forme pour que cette série d’anecdotes aient une continuité et se lise facilement. Je pense pas que ça soit facile, donc chapeau.

    Je ne m’attendais à rien, comme je l’ai dit, c’est le premier bouquin de ce type que je lisais. Je me demandais ce que pouvait être le contenu d’ailleurs. ^^

    Ce qui m’a étonné, c’est de voir autant de noms cités. D’habitude avec les gueulantes pour diffamations, on s’attend à voir un max de noms cachés, ici, quasi tout le monde est cité. Ca évite le mal de tête et les interrogations.

    Ca a mis des faits sur des choses que j’imaginais, sans savoir comment les situer. Je me doutais bien que le pouvoir manipulait l’info de temps en temps, là ya des exemples nets de manières de faire. Tout le monde prétend savoir, et balance des gros lieux communs la plupart du temps. Là on voit noir sur blanc le fonctionnement (rencontres avec les journalistes, pots de vins éventuels, rumeurs croisées qui se confirment l’une l’autre, intermédiaires à la solde, etc…). Bref au lieu de croire savoir, je sais un peu plus et je crois un peu moins. ;)

    Ma grand mère a surement pleins de grille pains là ou elle est, mais j’ai pas moyen de lui demander. :P

    Ca répond à tes questions?

    Et toi t’en as pensé quoi?

  4. voila déjà qqc de plus ‘personnel’ c’est bien! ;)
    Ce que j’en ai pensé… effectivement j’ai trouvé ce bouquin intéressant, notamment parce que, comme tu le dis, il nous illustre avec des exemples concrets (fictifs?) ce qu’on soupçonne sans jamais pouvoir argumenter, à savoir les pots de vin, les manip en tout genre et le gros mélange des genres gauche/droite, politique/journaliste/fonctionnaires.
    Donc pour ça j’ai bien aimé.
    Après pour le rythme du livre et de l’intrigue j’ai trouvé ça bien fait même si très mal écrit (encore que ça renforce le côté ‘carnet de notes’ de l’auteur).
    Là où je suis différent de toi, c’est dans l’appréciation de ‘l’honnêteté’ du livre dont tu parles dans ton article.
    Après avoir lu ce livre je suis d’autant plus critique (et parano) sur son contenu. Ne sommes nous pas dans une énième tentative de manipulation? (la réponse ‘tu es parano’ n’est pas recevable car l’auteur montre bien que la paranoia est loin de nous faire approcher la réalité des manipulations).
    Bref je trouve le bouquin bien, intéressant d’un point de vue théorique mais ne me fie pas à son contenu.

  5. Silvernights Says:

    Tout à fait.

    Je n’ai jamais pris ce bouquin comme une manière de condamner des gens (Bertrand, Chirac, Villepin), ou d’en faire ressortir d’autres blancs (Sarko), ce qu’il pourrait être quand on le regarde avec des yeux exclusivement « politiques ».

    Il faut bien + le voir avec des yeux investigateurs et journalistiques. D’ailleurs on en avait déjà un peu parlé, mais G. Birenbaum à aucun moment n’exclut la thèse d’être manipulé, et pousse toujours à l’esprit critique (je ne reviens pas sur sa conclusion).

    Bref si tu as l’impression de te faire manipuler, je dirais que tu cherches tellement un sens politique, que tu le vois apparaitre là ou il n’est pas forcément voulu.

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